Tout était sûrement là.
L’ennui d’abord. En périphérie.
Puis la conviction de devoir être ailleurs.
Le bureau de mon père. Feutres et fusains alignés derrière un ordinateur.
Des photographies. Des impressions. Le salon de l’imprimerie, noir de monde, dans les couloirs, sur le papier.
La chambre. Une importante collection de magazines découpés pour peupler les murs.
Une vue sur la prison, le centre commercial. Autour, les routes.
Les vacances dans le hangar évidé d’un ancien ferrailleur.
Danser classique sous les toits humides. Danser jazz sous les néons.
Des négatifs. Beaucoup. Parce qu’il n’y a pas d’instant qui décide. Des gestes seulement. Ou bien des intentions. Et la mémoire qui choisit.
La radio.
Sur l’écran : la musique. Les dessins animés. Twin Peaks. Chaplin.
Un jour, une rime. Le silence n’est donc plus tout à fait là. L’ennui non plus.
Un écho plus loin : Duras.
Alors des études. Longues. Histoire de l’art. Pour écrire sous influence, manger, digérer. Les mots ont faim. D’entendre et de voir. D’eux-mêmes ensuite.
Et Partir. Coyoácan. Mexique. Un autre silence. Celui des mots insensés, des sons. L’appareil revient quand la langue nargue. Il témoigne. Il occupe.
Paris. Rome. Paris.
Les correspondances. Corpet. Erró. Jouffroy. Boullé.
Les instants sont choisis. Ils font des films. Une cadence.
Du temps pour rassembler tout cela. Pour saisir le lien. La multisensorialité.
Le son dessine une image, d’emblée. Une vision appelle note, mot, voix, texte.
La nécessité du jeu sans fermer les tiroirs. Musique, mot, photographie, dessin. Tout est là. Toujours. Partout. Dedans. Dehors.